Ali Eyal, An Indefinite Appearance or Two Walls and, 2022
Résidence Fiminco,
Juin 2022
Qui n’a jamais rêvé d’entrer dans une œuvre ? De s’échapper de la réalité en y plongeant un moment ? Quel monde s’ouvrirait alors à nous ? Comment le nôtre nous apparaîtrait-il, de l’autre côté ?
Il y a de multiples manières de s’écarter du présent, pour mieux l’appréhender, pour y trouver son lieu à soi. Ali Eyal a choisi le pas de côté, qu’il décline en dessins et en installations, mais surtout en fictions. L’incipit est toujours le même : la ferme familiale dans laquelle il a grandi et que l’Histoire l’a contraint à quitter. Les scénarios, eux, sont infinis. Entre les deux murs de sa pièce, à Fiminco, de véritables dessins et de pseudos archives se mêlent aux faux témoignages et aux vraies anecdotes.
Une série de croquis décline des possibilités d’ameublement d’un salon. Les pièces de mobilier se superposent, offrant à qui veut de choisir sa configuration idéale. « Les meubles contiennent les mémoires », lui a toujours dit la mère de l’artiste. Lorsqu’elle est trop douloureuse, réaménager l’écrin qui la contient permet d’en panser les plaies, mais aussi de construire une mémoire nouvelle, ou à venir.
Le domestique renferme l’intime. Pour pénétrer les deux, il faudra s’insérer dans l’interstice bricolé par l’artiste. Entrer dans ce seuil, seul et serré, et rencontrer Ali Eyal lui-même – ou ce qu’il veut bien nous en révéler. L’artiste saupoudre sa mémoire de la poussière de ses rêves et fond cette matière dans ses contes. À nous de décrypter les indices derrière ses mots et ses visages, pour apprivoiser l’histoire et s’en relever.