Audrey Aumegeas
Résidence Arca à Doc!,
Octobre 2022
Audrey Aumegeas aime les objets. Un peu, beaucoup, passionnément. Elle aime la douceur de leur peau, la beauté de leurs reflets, leurs formes et leurs empreintes, leurs courbes et leurs contre-courbes. Elle aime jouer avec eux, les mettre en scène et leur inventer des histoires, persuadée qu’ils ne sauraient se réduire à leur seule fonction d’usage. Elle aime leur corps et les mains qui les ont dessinées, les pages des magazines qui les ont conservés, les étals des brocantes qui les font encore défiler. Elle compile leurs portraits comme de ceux de superstars, partant à leur recherche sur tous les supports : Pinterest, de vieux manuels scolaires ou numéros de L’Illustration, mythique revue déco qui a cessé d’éditer. Fan atemporelle les imaginant icônes, elle les hisse sur des piédestaux et leur dessine des halos, rejouant l’aura qu’elle leur trouve dans toutes les dimensions. On pourrait dire cette relation superficielle, qui s’attache par-dessus tout à des images, mais son amour des surfaces est profond. Un peu Pinocchio, un peu Pygmalion, elle arrive, grâce à lui, à leur donner vie.
Ses sculptures et ses dessins sont des compositions hybrides, où ses éléments de mobilier fétiches s’entremêlent et se multiplient, se combinent et se reproduisent, font mine de s’anthropomorphiser pour mieux rejouer les individus de notre espèce qui les utilisent dans une autre vie. La sculptrice-dessinatrice est aussi dramaturge ; ses sujets des personnages en attente d’incarnation. C’est l’histoire d’un abat-jour marié à une fleur de paradis, d’une planche d’aggloméré se rêvant pur chêne… Les fictions se tissent au fur et à mesure des couches qu’Audrey Aumegeas superpose et empile, en une comme deux dimensions. Avec tendresse et humour, elle utilise ses objets à son tour. Protagonistes de ses pièces, ils sont aussi les décors dans lesquels les mains et le savoir-faire de l’artiste jouent leur rôle avec passion.