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« Chourouk Hriech.
Je vois un oiseau »,
Drawing Lab,
18.03 - 15.06.2022

Il y a au Drawing Lab quatre salles, sous terre, vers lesquelles il faut descendre pour embarquer dans un voyage ô combien onirique. Autour des marches qui vous y guident, déjà, des lignes noires parcourent les murs, et proposent à l’œil de se percher, pour mieux s’envoler. Six tableaux ont été réunis par Chourouk Hriech et Jérôme Sans, duo deux fois récidiviste qui propose ici sa nouvelle collaboration. Les « villes-mondes » que l’artiste recompose dans ses toiles s’étendent sur tous les plans, dessinées à même les murs et encrées jusque sur la peau de celle qui leur clame, dans le titre de la série : « Vous m’avez manqué ».

 

« Je vois un oiseau » souffle le titre de l’exposition, mais vous en compterez en vérité 77 sur les photographies que l’artiste a disséminées dans l’espace, par-dessus les traits qu’elle a tracés sur les tableaux, les papiers-peints et les murs-mêmes de l’exposition. En haut d’un lampadaire, sur un fil électrique, planant dans le ciel ou pêchant dans l’eau, les volatiles que Chourouk Hriech a capturées en image au fur et à mesure de ses pérégrinations depuis 2010 ont été – pour la première fois – imprimés et intégrés directement à l’exposition-monde qu’elle a composée avec eux.

« J’ai voulu faire des oiseaux les seuls habitants de ce lieu », confie-t-elle. Les plans, les vues et les coupes des « villes-mondes » – c’est comme cela qu’elle appelle ses cités idéales – qu’elle a recomposées sont en effet vidés des humain·e·s qui les habitent d’ordinaire. Mais nulle solitude entre ces murs pour autant. De Dubaï à Lisbonne, en passant par Tel Aviv, Tokyo, Kyoto, Douala, Marseille, Séville, Casablanca, Zürich ou Nantes, les oiseaux attrapés ici et là en plein vol sont les guides du voyage réassemblé par l’artiste, qui vous emportera, sans peine, à travers la frénésie des constructions humaines et la nature qui reste, malgré elles.

La virtuosité des lignes de Chourouk Hriech guide l’œil et le transforme en oiseau, qui se laisse porter par le vent, au gré d’un battement d’ailes qui pourrait devenir les siennes. L’œil, comme l’oiseau, flotte par-dessus les villes, tranquille. Il se niche dans leurs fentes, leurs angles, et leurs points de fuite, pour mieux y trouver sa place.

Il y a quatre échelles différentes sur le majestueux dessin de la première « ville-monde » qui ouvre l’exposition. Quatre échelles réunies dans un même panorama urbain, sur une même surface plane, blanche et lisse ; et pourtant, passant de l’une à l’autre sans même s’en rendre d’abord compte, l’œil ne vacille pas. Les quatre échelles, habilement assemblées, le font aller tranquillement de la coque des bateaux amarrés le long du quai à la vue du ciel du plan d’un quartier, en passant par la ligne d’horizon de hauts immeubles en son centre ou les champs implantés à la périphérie. Naviguer sans frémir, d’un bout à l’autre du monde : voilà la véritable définition d’une vue « à vol d’oiseau ».

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